– Sous le profil du visage de Paulette Duhalde, les mains jointes symbolisent le recueillement et la prière.
Une prière à la mémoire de cette jeune femme, à son courage et à son combat pour la liberté.
– En haut du bas-relief, le texte gravé « Ravensbrück » fait référence au camp où elle a été déporté en 1944 et où elle décède en 1945.
Les deux dates « 1921 » et « 1945 » sont celles de sa naissance et de sa mort.
– Sous le bas-relief, le visage de Paulette et les mains jointes, un autre texte a été gravé :
Cette citation est extraite d’une lettre très touchante que Paulette avait écrit à ses parents depuis la prison de Fresnes.
Mes Parents bien aimés et chéris,
C’est le coeur déchiré que je vous écris cette dernière lettre…
sur le sol de France, car je partirai lundi matin à 5 heures pour l’Allemagne (destination inconnue). Je m’y attendais, depuis longtemps, mais je ne peux me résigner à accepter, pour vous, cette horrible chose.
OH ! MES PARENTS ADORÉS, PARDONNEZ-MOI D’AVOIR PENSÉ À MON PAYS AVANT D’AVOIR PENSÉ À VOUS ; pardonnez-moi tout ce dont je suis coupable envers vous et ne restez surtout pas anéantis sous le poids de votre douleur.
Songez combien j’ai été protégée jusqu’ici et qu’il n’y a aucune raison pour que cela ne continue pas. La guerre, d’autre part, ne durera plus longtemps maintenant et, bientôt, j’en suis sûre, nous serons réunis.
J’espère que vous êtes en bonne santé et à l’abri. Ne songez qu’à vous, abandonnez le reste qui ne compte pas. Gardez tout votre sang-froid, en toute occasion, et faites confiance à la Providence.
Chaque instant de ma vie d’exil sera offerte à vos intentions. PENSEZ QUE NOTRE LIBERTE FUTURE ET LA VIE DE LA NATION DOIVENT S’ACHETER PAR DE TELS SACRIFICES, et, quoi qu’il arrive, n’ayez jamais aucun ressentiment contre ceux de mes amis qui m’ont entraînée là.
J’espère avoir de vos nouvelles avant de partir et pouvoir, là-bas, vous faire parvenir des miennes officiellement. Je ne saurais trop vous dire combien tout le monde a été gentil pour moi, je ne saurais jamais assez les remercier. Surtout ne dites à personne que vous avez reçu cette lettre et comment elle vous est parvenue car les plus graves ennuis menaceraient la personne qui m’a fait cette complaisance.
Si la guerre finissait et que je puisse sortir de la forteresse où je vais, j’irai aussitôt à l’adresse suivante:
Evêché de Wurtzburg (Main) ou F 7 Gutleutrasse à Worms (Hesse) à: Rhein.
Dites à tous les amis combien je pense à eux et dites à M.-T. Mortier, si vous la voyez toujours, que je compte sur elle pour me remplacer auprès de vous.
Adieu mes parents adorés, VOTRE PETITE FILLE, QUOI QU’IL ARRIVE, RESTERA DIGNE DE VOUS, MONTREZ-VOUS A LA HAUTEUR DU SACRIFICE QUI VOUS EST DEMANDÉ EN L’ACCEPTANT SANS AUCUNE DÉFAILLANCE.
Je vais vous faire parvenir toutes mes affaires car, là-bas, j’aurai l’uniforme. Toutes les nouvelles que je vous ferai parvenir, vous les aurez chez mon oncle, c’est là que j’adresserai tout le courrier, puisque Fiers est détruit, je crois.
Merci pour toutes vos gâteries. Vivez l’un pour l’autre de mon souvenir. Gardez votre santé intacte.
Votre petite fille monte sur vos genoux, vous entoure de ses petits bras et dépose sur vos joues de gros baisers. Elle vous couvre de ses plus tendres caresses et ne cessera de penser à vous. Courage, confiance, espoir.
Celle qui, toujours, restera votre petite Paulette.
P. S. Pour tonton Paul et tante Yvonne:
Je vous demande d’entourer d’affection mes chers parents. Consolez-les et guidez-les. Je pense à vous et j’espère vous revoir un jour. Affectueux baisers. Paulette.
Mon affectueux souvenir aux amis de la Préfecture, des Ponts et Chaussées, Warin, Fautrel, Institution Notre-Dame, Banque de France, Lecoq, Maisonnier, Couffon, Maubert, Jourdan, et tous ceux que j’oublie car j’ai la tête en feu.
Ma reconnaissance va à tous ceux qui vous ont aidés et témoigné de la sympathie. Ils en seront un jour récompensés.